On ne vous l’apprendra pas, et d’ailleurs nous l’avons repris en titre, un hélicoptère est destiné à survoler… Une évidence pensez-vous et vous avez raison… Du moins pour ce qui est du domaine de l’aéronautique car dans le domaine de la famille, il faut un peu composer le terme.
Avec ce nouveau dossier, l’album de famille ouvre une nouvelle page : après le parent tigre, le parent chasse neige ou bien encore le parent coquille d’œuf sans oublier le parent poule, nous vous invitons à découvrir ce qu’est un « parent hélicoptère ».
Retrouvez dans ce dossier
- Un parent plutôt «rotor» ?
- Un enfant peut-il voler de ses propres ailes avec un parent hélicoptère ?
- Un risque de crash qui peut être évité ?
Un parent plutôt «rotor» ?

De prime abord, cela pourrait être étonnant de comparer l’attitude d’un parent à un moyen de locomotion qui souvent prend de l’altitude ! Sachez en fait que ce terme puise son appellation d’un best-seller publié en 1969 et intitulé « Entre parents et adolescents » du psychologue Haim Ginott. Cet ouvrage raconte l’histoire d’un enfant surprotégé au point que celui-ci avoue que «sa mère plane au-dessus de moi comme un hélicoptère». Il n’en fallait pas moins pour que cette métaphore devienne un «portrait de parent» : c’est qu’ont en quelque sorte officialisé Foster Cline et Jim Fay, trente ans plus tard à travers une théorie du comportement parental.
Le terme est posé, reste à nous poser la question de savoir ce qu’est véritablement un parent hélicoptère…
«Aussi vaste que l’horizon»
Si vous le permettez, continuons dans le registre métaphorique en affirmant que le comportement de ce type de parent est «aussi vaste que l’horizon que l’on peut observer lorsque l’on vole avec un hélicoptère». En effet, il convient d’admettre dès à présent que l’omniprésence est une caractéristique du parent hélicoptère :
- Il est toujours très impliqué dans la vie de sa progéniture. Pour cela il les suit de très près, à chaque instant car ils souhaitent qu’ils soient en permanence heureux et en sécurité.
- Il se reconnait volontiers ultra protecteur. C’est pour lui un état d’esprit au quotidien et pour cela il fait tout pour éviter que l’enfant s’expose à un risque ou connaisse l’échec.
- Il se montre très exigeant vis-à-vis de sa descendance. Pour ce faire, il fixe des attentes élevées où l’objectif est de réussir (en ce sens il est proche d’une des particularités du parent tigre).
- En bon parent hélicoptère, il opère comme une véritable tour de contrôle ! C’est lui et lui seul qui donne l’autorisation à son enfant.
- Il intervient, encore et encore, surtout en cas de problème. Si ce dernier survient, l’hélicoptère endosse son rôle de secours, le parent agit sans laisser la possibilité à l’enfant de revenir sur son action (il n’apprendra donc pas de ses erreurs).
«Monter dans les tours» ?
Ce portrait robot pourrait pousser certains parents à monter dans les tours… Il reste cependant à comprendre pourquoi un parent devient-il hélicoptère. De nombreuses études ont conduit à définir les raisons et les motivations qui conduisent à ce type d’éducation que certains couples adoptent vis-à-vis de leur enfant. En résumé, celles-ci concluent que l’on devient ou on est parent hélicoptère :
- Par amour et par inquiétude. Le parent hélicoptère, comme d’autres parents, aime son enfant et pour cette raison, il souhaite le protéger du mal et lui permettre de vivre la meilleure vie possible.
- Pour repousser la peur l’échec : la crainte de ne pas réussir ou, pire, qu’il devienne malheureux est une obsession pour le parent hélicoptère vis-à-vis de son enfant. Il entreprend donc tout pour éviter ces écueils.
- Parce qu’on ne peut contenir son besoin de contrôler : cette attitude semble traduire une volonté qui les dépasse, fruit parfois de leur propre enfance qui a pu être contrariée ou amputée.
- Parce qu’on est un véritable incubateur du monde qui nous entoure : le parent hélicoptère peut tout à fait ériger en mission le fait de se sentir obligé d’agir ainsi face à la pression des autres et de la société en général.
Un enfant peut-il voler de ses propres ailes avec un parent hélicoptère ?

Beaucoup de spécialistes ont déjà émis des théories sur cette question. Tous arrivent sensiblement au fait que ce type d’éducation, prônant l’hyperprotection parentale, engendre des effets négatifs pour l’enfant notamment :
- Un manque croissant d’autonomie : l’enfant hélicoptère peut en arriver à avoir du mal à s’organiser seul, à prendre une décision en pleine conscience.
- Une perte progressive de confiance en soi : ce mode d’éducation engendre parfois une mauvaise appréciation de ses capacités et développe une forte importante de crainte de prise de risques.
- Une adaptation sociale contrariée : l’enfant d’un parent hélicoptère a un cercle d’amis très restreint, il a du mal à pouvoir s’intégrer à des groupes sociaux, à faire équipe dans une formation sportive, à « penser collectif ».
- Une conduite qui peut avoir aussi des répercussions sur la santé mentale de l’enfant qui présente dans ce cas de figure des pathologies liées à l’anxiété, le stress pouvant même le conduire dans les cas les plus graves vers certaines formes de dépression.
Cette liste pourrait effrayer certains, pensant même qu’elle se limite à une démarche théoricienne, il n’en est rien ! Voici quelques témoignages que nous avons relevé concernant les effets engendrés par cette conduite…

« J’ai appris que ma belle-sœur avait déménagé du Nord de la France vers Nice pour suivre son fils qui allait entrer en médecine » (Apolline, mère au foyer, 37 ans, Paris)
« J’ai été contraint d’annuler un entretien d’embauche quand j’ai appris que mon candidat était venu pour son évaluation avec ses parents et que ces derniers tenaient à assister à la réunion » (Gérard, DRH, 52 ans, Mulhouse)


« Mon épouse devait faire un détour de 10 km chaque matin avant de se rendre à son travail juste pour « faire un bisou » à sa mère qui l’exigeait. Je n’en pouvais plus ! » (Benoît, mécanicien, 29 ans, Niort).
Un risque de crash qui peut être évité ?

Ce qui est certain, et là encore plusieurs études le prouvent, le parent ne choisi pas de devenir «hélicoptère» et, plus inquiétant, il n’en prend pas forcément conscience lorsqu’il le devient… Il reste que certains pères, certaines mères ou les deux concomitamment peuvent se rendre compte que le comportement de leur enfant change, soient inquiets à ce sujet au point de s’inquiéter sur le fait que leur propre comportement est peut-être à l’origine de cette situation. Comment dès lors «éviter ces turbulences» ? Les conseils en pareil cas sont relativement simples à suivre…
«ne plus retenir mais lâcher prise»
Pour inverser cette tendance, il faudra permettre à son enfant de prendre des décisions de manière autonome, de vivre des expériences sans être à ses côtés pour l’enfant puisse se faire son propre jugement (et apprendre de ses erreurs ou de ses actes).
«faire confiance ou plutôt refaire confiance»
Un enfant a du potentiel ! Il faut donc donner à un enfant qui a connu une éducation de parent hélicoptère temporaire une nouvelle envie de « faire par lui-même », l’encourager dans ses envies, ses ambitions voire (ultime réussite dans ce changement d’attitude mais avec toujours une bienveillance contrôlée) de l’inciter à prendre des risques.
«faire sécession pour une plus grande indépendance»
Un parent hélicoptère qui souhaite quitter cette attitude doit être en mesure de donner à son enfant la possibilité d’agir seul, de faire les choses par lui-même.
«être franc au lieu d’aller au front»
Le parent ne doit plus hésiter à parler avec son enfant sur des sujets impliquant ses inquiétudes, sa position sur un fait. Il encouragera lors de ces occasions une interaction permanente pour entendre et comprendre aussi le point de vue de sa progéniture.
Un cousin éloigné ? C’est à vous de voir…

Le parent tigre présente des similitudes avec le parent hélicoptère comme nous vous l’avons évoqué dans ce dossier. Pour en savoir plus sur cette dénomination, consultez notre dossier FACE A UN PARENT TIGRE – l’enfant est-il pris entre ses griffes ?